mardi 24 septembre 2024

VITRAUX ET ARMOIRIES DE L'EGLISE SAINT-REMI DE VRAINCOURT

 


L’Église est éclairée par plusieurs vitraux installés après la Première Guerre Mondiale en remplacement de ceux détruits par des obus en 1916, notamment celui du cœur derrière le maître-autel au Nord, celui de la Chapelle de la Ste Vierge à l'Ouest et celui en haut de la nef à l'Est. Ces trois vitraux ont été offerts par trois des enfants de Pierre-Charles, comte d'Anthouard de Vraincourt (1855-1940), et de Louise-Marie de Monseignat (1861-1935), son épouse dont la famille est originaire de la ville de Rodez en Aveyron.


VITRAIL DU CŒUR DERRIÈRE L'AUTEL

Ce vitrail qui représente Jésus apparaissant à Ste Marguerite-Marie Alacoque et lui montrant son cœur (inspiratrice du culte au Sacré-Cœur de Jésus à partir du XVIIe siècle), a été offert par le vicomte Charles-Eugène d'Anthouard de Vraincourt (1886-1961) et son épouse Antonine de Francqueville (1891-1983), les grands-parents du propriétaire actuel du château. La famille d'Anthouard de Vraincourt, propriétaire du château et des terres de Vraincourt depuis 1767, est originaire de l'Autunois, porte depuis le 1er Empire les armoiries « Écartelé : au I, du quartier des comtes militaires de l'Empire ; au II, coupé : a) de gueules, b) d'azur à trois roses d’or rangées en fasce ; au III, d’or à la pyramide de sable, surmontée d’une étoile d’azur ; au IV, d’or à trois écrevisses de gueules posées en pal et rangées en fasce. » La famille de Francqueville est originaire du Pas-de-Calais, porte les armoiries « d'azur à l'étoile d'or surmontée d'un lambel du même à trois pendants » Cette famille compte notamment le chevalier d'Abancourt qui fut le dernier ministre de la guerre de Louis XVI. Ces armoiries sont représentées en bas du vitrail surmontée d'une couronne de vicomte, titre de Charles-Eugène jusqu'à la mort de son père en 1940.


VITRAIL DE LA CHAPELLE OUEST

Ce vitrail qui représente Saint Charles Borromée visitant les pestiférés, a été offert en 1934 par Marguerite-Denise d'Anthouard de Vraincourt (1893-1979) et son époux Louis-Valentin Chodron de Courcel (1879-1950), archiviste paléographe. Ce sont les armoiries des familles Chodron de Courcel « de gueules à trois chaudrons d'or, 2,1. » (avec un additif dans le 1er quart, à savoir dans les coins quatre petits rectangles et au centre un arc tendu avec une flèche) et d'Anthouard de Vraincourt qui figurent respectivement à gauche et à droite en bas du vitrail. La famille Chodron de Courcel est originaire de Toul et porte le titre de baron par lettres patentes de 1867. Le père de Louis-Valentin était maire d'Athis-Mons.

Saint Charles Borromée est un évêque italien du XVIe siècle, artisan de la contre-réforme catholique introduite par le Concile de Trente, notamment en matière de gestion des hôpitaux. Les habitants du pays, traumatisés par l'épidémie de choléra de 1848, étaient très attachés à ce saint. Le nouveau vitrail remplaçait à l'identique celui détruit en 1916.


VITRAIL DE LA NEF A L'EST

Ce vitrail représente l'apparition de la Ste Vierge Marie à Ste Bernadette de Lourdes, le 11 février 1858. Il a été offert par Marie-Louise d'Anthouard de Vraincourt (1888-1918) et son époux Marie-François de Poret, Marquis de Civille (1885-1918). Ils mourront tous deux de la grippe espagnole en 1918. Le grand-père de Marie-François, Léon de Poret de Blosseville fut autorisé à reprendre le nom de sa mère, Civille, alors éteint. La famille de Civille porte la devise « Aut civile, aut nihil » (Soit citoyen, soit rien). Les armoiries de Civille « d'argent en chef d'azur, chargé d'une fleur de lys, accompagnée de deux molettes d'éperon de même » figurent en bas du vitrail à gauche de celles portées par les d'Anthouard. La date du 8 décembre 1845, au-dessus des armes, est celle de la proclamation officielle du dogme de l'Immaculée Conception par l’Église Catholique (la Ste Vierge Marie serait née préservée du péché originel, privilège accordée par Dieu à celle qui allait donner naissance à Jésus, considéré par les chrétiens comme vrai Dieu et vrai homme). Ce vitrail, détruit en 1916, sera remplacé à l'identique entre les deux guerres.


VOUTE DE LA CHAPELLE OUEST

Les armoiries « d'argent à cinq annelets de gueules posés en sautoir 1,2,1 et accompagnés de quatre mouchetures d’hermine de sable 1,2,1 » de la famille de Rarécourt, dit de La Vallée de Pimodan, sont sculptées sur la clé de voûte de la Chapelle de la Ste Vierge, autrefois dédiée à Saint Nicolas et bâtie par cette famille. Le premier membre connu de cette famille qui a été seigneur de Vraincourt avant les d'Anthouard, est Claude de La Vallée (mort en 1538), Écuyer, Prévôt, Receveur et Gruyer de Clermont par provisions du Duc (Antoine le Bon) de Lorraine le 30 avril 1515, marié à Claudine de Génicourt. La famille La Vallée possédait, entre autres, les châteaux de Moncel et de Pimodan, près d'Aubréville, aujourd'hui détruits.

 

PATRIMOINE BATI, POLITIQUE LOCALE ET ASSOCIATION PATRIMONIALE ASACA

A Vraincourt comme dans beaucoup de villages, des bâtiments anciens dignes d'intérêt, qui sont peu ou pas entretenus même quand ils sont protégés par l’État, et qui sont rarement mis en valeur ... (Photo Google 2011)




Notre patrimoine commun recouvre des éléments (i) matériels mobiliers (peintures, sculptures, monnaies, instruments de musiques, armes, manuscrits, etc.) et immobiliers (maisons, églises, monuments divers, sites archéologiques, etc.), (ii) immatériels (langues, traditions orales, arts du spectacle, rituels) et (iii) naturels (sites naturels de grande beauté ou à grande diversité biologique, formations physiques ou géologiques, etc.). Ce patrimoine est chargé de significations multiples d'ordre culturel, historique, esthétique, biologique ; il constitue une richesse collective ; il est transmis de génération en génération ; il exprime la vérité du passé et porte les racines du présent. Détruire ou laisser se détruire ce patrimoine est une attitude irresponsable et suicidaire qui caractérise les gouvernements des pays totalitaires et les personnes physiques et morales animées par le matérialisme et le productivisme ambiants.


Le patrimoine bâti digne d'intérêt s'élèverait en France à quelque 400.000 monuments. Ceux-ci peuvent appartenir à l’État (5%), aux collectivités territoriales (46%) ou aux personnes privées (49%). Ils peuvent être protégés par classement (environ 15.000, par exemple l'église St Didier de Clermont-en-Argonne ou son plateau Ste Anne) ou par inscription (environ 28.000, par exemple la maison rurale à pan de bois de Vraincourt, la motte castrale du Châtelet à Vraincourt ou le colombier d'Auzéville), ou n'être ni protégés juridiquement ni même inventoriés par les autorités culturelles (comme beaucoup de châteaux, par exemple le château du 18e de Vraincourt, le château du 17e de Courcelles ou de nombreuses églises et maisons rurales ou urbaines remarquables dans nos villages argonnais).



Une partie des travaux de restauration et d'entretien des monuments protégés est prise en charge par l’État, généralement à raison de 50% pour les monuments classés et 25% pour ceux inscrits. Toute transformation, réparation ou transaction (vente, lègue ou don) concernant le bâtiment protégé doit faire l'objet d'une information ou autorisation préalable. Tous les travaux, même ceux soumis à simple déclaration préalable, doivent faire l'objet d'un permis de construire et être exécutés en recourant à un architecte. Des temps d'ouverture au public sont imposés. En contrepartie l'entretien est partiellement financé par l’État ou les collectivités territoriales et une défiscalisation est possible pour le propriétaire. Certains propriétaires de biens inscrits semblent ignorer ces dispositions ou n'en tiennent pas compte.



Il existe quelque 6.000 associations patrimoniales qui ont un rôle de surveillance et de mise en valeur du patrimoine culturel et naturel (mais rarement de réhabilitation), dont les principales, regroupées dans une forme de G8, sont : la Demeure historique (2300 propriétaires privés), la Fédération nationale des association de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux (FNASSEM), la Ligue urbaine et rurale, Maisons paysannes de France, Remparts, Sauvegarde de l'art français, la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France, et les Vieilles maisons françaises.


Une politique du patrimoine doit toujours comprendre deux volets : un volet restauration/entretien du patrimoine bâti remarquable, protégé ou non, et un volet promotion (via les médias, les offices du tourisme, la publication de brochures et dépliants, etc.) et mise en valeur de celui-ci (accueil du public, des scolaires, expositions, spectacles vivants, tournage d'un film, musée rural, etc.) Les élus des collectivités territoriales qui se contentent d'entretenir a minima leurs monuments, sans un projet sérieux d'animation, ne peuvent prétendre être attachés à leur patrimoine local. Celui-ci n'est pas un objet inerte et stérile qui serait à la merci d'une changement d'équipe dirigeante ou des priorités du moment. Une politique du patrimoine doit avoir une certaine continuité à l'instar des biens venus du passé qu'elle protège, et doit toujours associer la population à sa mise en œuvre, car le patrimoine, qu'il soit public ou privé, est un bien commun à tous. Quelles sont les retombées d'une politique locale du patrimoine ? Des retombées économiques évidentes en terme d'emplois, d'activités dans l'hôtellerie et la restauration. Mais aussi des retombées moins tangibles, comme le sentiment de fierté et bien-être collectif, la contribution à la cohésion sociale et à l'identité territoriale, la disponibilité d'un outil d'éducation historique et artistique, la naissance d'une dynamique entre patrimoine et création artistique, la propagation d'une image positive sur la région dans le public à l'extérieur de celle-ci.


 

ASSOCIATION SAUVEGARDE ET AVENIR DU CLERMONTOIS ARGONNAIS, ASACA (2024-)

Fondée le 9 avril 2024, l'Association Sauvegarde et Avenir du Clermontois Argonnais (ASACA) a pour objet statutaire de : "contribuer à la sauvegarde et la valorisation des édifices et sites patrimoniaux d'intérêt historique, culturel, artistique ou environnemental, publics ou privés, situés dans la commune de Clermont-en-Argonne, en priorité l'église Saint-Rémi de Vraincourt, et dans les autres communes du Clermontois argonnais, et à cette fin :
(i) identifier les édifices et sites patrimoniaux en péril et alerter les autorités communales, départementales et régionales, les propriétaires privés concernés, en les engageant à réaliser les travaux de sauvegarde et de valorisation indispensables en respectant leur valeur patrimoniale et les règles de l'art en matière de restauration ;
(ii) aider les propriétaires publics ou privés à obtenir des aides en nature ou en argent sous forme de subventions, de souscriptions, de dons de matériaux ou autres, de bénévolat ou de prêt d'employés, de la part de l'État, de la Région, du Département et/ou de la Commune, d'organismes financiers, de fondations, d'entreprises locales ou de toute personne physique ou morale ;
(iii) créer des animations locales pour intéresser la population au sauvetage du patrimoine du Clermontois argonnais ; soutenir les auteurs d'études, les conférenciers et les visites culturelles sur ce patrimoine ; médiatiser l'action autour des édifices à sauver ou à valoriser en contactant la presse locale et en créant un blog ou site internet.
"

Régime juridique : ASACA est régie par la loi du 1er juillet 1901; a été enregistrée par la Préfecture de la Meuse sous No W553006464 ; a été annoncée au Journal Officiel paru le 25 juin 2024 sous le n° 1043; est immatriculée au SIRENE avec le numéro SIRET 932 456 759.

Adresse postale : 9 Rte de Vraincourt, 55120 Clermont-en-Argonne, France

Courriel : asaca55120@gmail.com

Site : celui-ci


Le Conseil d'administration d'ASACA estime que l'église St Rémi de Vraincourt fait partie du patrimoine collectif de la commune de Clermont-en-Argonne et du Clermontois Argonnais en raison de son ancienneté et de son intérêt historique régional, et qu'il serait donc criminel de faire démolir cet édifice déjà mis à mal par les manques d'entretien et les guerres au cours des siècles. Il estime aussi
qu'il ne serait pas judicieux de privatiser cet édifice en le cédant à une personnalité locale. En effet, un projet de cession était en cours de discussion depuis plusieurs années. Il lui est apparu préférable que la commune en reste propriétaire et signe une convention avec ASACA en lui confiant la sauvegarde de l'église, notamment en recherchant les fonds nécessaires aux travaux urgents, en organisant et supervisant ces travaux avec les experts et les entreprises, et en entreprenant des actions de valorisation de ce patrimoine. Ce genre contrat de coopération existe entre de nombreuses communes et associations.



Sources :
Documents de l'UNESCO sur le Patrimoine mondial commun de l'humanité;
Publications d'associations et blogs patrimoniaux;Statuts et documents interne d'ASACA

lundi 23 septembre 2024

CE BLOG SUR LE PATRIMOINE BÂTI DU CLERMONTOIS ARGONNAIS

Le présent blog porte sur le patrimoine architectural d'Argonne et sur l'histoire de Vraincourt (hameau rattaché à Clermont-en-Argonne), le village, son château, son église, ses seigneurs ou châtelains (notamment les aïeux "d'Anthouard de Vraincourt" du propriétaire actuel du château), ses villageois et son voisinage, des origines jusqu'à ce jour. Le blog va se concentrer sur les actions de l'Association Sauvegarde et Avenir du Clermontois Argonnais (ASACA), nouvellement créée (9 avril 2024), pour protéger, restaurer et valoriser le patrimoine bâti argonnais, en priorité l’Église Saint-Rémi de Vraincourt (voir la section 1.2 de ce blog)...

mercredi 30 octobre 2013

AUTRES VILLAGES DU CLERMONTOIS

Cette page sera dédiée au patrimoine bâti des autres villages rattachés ou associés à Clermont-en-Argonne et de ceux constituant la Communauté de communes du Centre Argonne. Ces localités faisaient partie autrefois du Clermontois. Il s'agit de villages, hameaux ou lieux-dits comme Beaulieu, Dombasle, Jubécourt, Lachalade ou Parois.

samedi 23 mars 2013

PATRIMOINE BATI ET PLAN LOCAL D'URBANISME (P.L.U.)



Église St-Rémi de Vraincourt (12e)


Un premier projet de Plan local d'urbanisme (P.L.U.) pour Clermont-en-Argonne et les communes ou hameaux rattachés (Auzéville, Jubécourt, Parois, Vraincourt) est consultable en Mairie pour recevoir les avis de la population. Comme dans la plupart des petites communes, ce projet a été élaboré par un cabinet-conseil en procédant sur certains points à une analyse généralement appropriée de la situation et des besoins en matière d'urbanisme local stricto sensu ; mais sur d'autres points ce cabinet-conseil, comme beaucoup de ses semblables,
Colombier et lavoir à Auzéville
parait avoir fait un coupé-collé qui montre sa méconnaissance du patrimoine à protéger, les emplacements des bâtiments et sites dignes d'intérêt, leurs caractéristiques architecturales, les matériaux traditionnels de l'Argonne. Beaucoup de cabinets-conseils en urbanisme connaissent mal les nécessités de protection patrimoniale, surtout pour le patrimoine bâti.





Maison rurale à Auzéville
Comme cela se fait dans toutes les communes soucieuses de  protéger et mettre en valeur leur patrimoine bâti remarquable, et à la demande du Maire en application de l'Article 123.1.7 du Code d'urbanisme : « Le P.L.U. peut identifier et localiser les éléments de paysage et délimiter les quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, sites et secteurs à protéger, à mettre en valeur ou à requalifier pour des motifs d’ordre culturel, historique ou écologique et définir , le cas échéant, les prescriptions de nature à assurer leur protection ».


Moulin d'Auzéville


Ce n'est pas le cas du projet actuel de P.L.U.. Cette absence d'inventaire ne peut être qu'un « oubli » du Maire compte tenu de son d'intérêt déclaré pour le patrimoine de sa commune et des communes rattachées à Clermont-en-Argonne. Ceci doit être corrigé en engageant en urgence un inventaire exhaustif de ce patrimoine bâti, paysager et boisé, qui doit être piloté par le cabinet-conseil chargé d'élaborer le P.L.U. et doit faire appel à la participation de la population locale bien au fait des  éléments remarquables de ce patrimoine tant public
Maisons anciennes à Clermont
que privé. Cette procédure participative a été suivie dans de nombreuses communes en France et a abouti à des documents de qualité au service d'une vraie politique du patrimoine culturel et naturel, source de retombées économiques, de cohésion sociale et d'identité territoriale (voir message précédent).






Maison bien restaurée à Clermont
Bâtiments à restaurer à Clermont
Sources : Projet de PLU de Clermont-en-Argonne (Mars 2013), revue « Maisons paysannes de France » de l'association du même nom, Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de Meuse. 


mercredi 6 mars 2013

LES VESTIGES GALLO-ROMAINS DE VRAINCOURT 55120

En tirets rouges, horizontalement la Voie romaine Reims-Metz et verticalement le diverticule "Route des Ardennes" (autre tracé possible, en jaune, au sud des "Grandes Grèves")

Voies romaines passant à Vraincourt


Voie romaine de Reims à Metz, qui passe à ou dans :

  • Vienne-La-Ville
  • La forêt domaniale des Hauts-Bâtis
  • Lachalade (sud) en traversant la Biesme (rivière) à Pont-Verdunois
  • Forêt domaniale de Lachalade, par carrefour de la Croix de Pierre
  • Lochères (sud)
  • Pont de Soiron (sur le Ruisseau du Maconrut)
  • Vraincourt (nord) en traversant l’Aire (rivière) entre les lieux-dits "Grandes Grèves" et "Pierre-à-Villée", à la limite des communes de Clermont/Vraincourt et d’Aubréville (environ 800 m du château)
  • Brabant-en-Argonne
  • Jouy-en-Argonne
  • Sivry
  • Verdun

Voie romaine secondaire ou « diverticule », dite Route des Ardennes,

qui descend la Vallée de l’Aire de Nicey à Grandpré, en longeant la rive droite et en passant par Auzéville, Vraincourt (le long du château), Courcelles et Aubréville, Neuvilly, etc.


Voie romaine Châlon-Verdun

qui passe non loin de Vraincourt en évitant le sud du massif, par Villers-en-Argonne et Lavoye

Vestiges antiques et gallo-romains découverts à Vraincourt


Vestiges gallo-romains très nombreux dans la vallée de l’Aire, qui marquent une forte densité d’occupation (contrairement aux vallées d’Argonne le long de la Biesme), notamment sur le plateau de Vraincourt, près du Châtelet, et à Auzéville où les restes d’une villa romaine du 2e et 3e siècles ont été trouvés en 1929.

Au nord-ouest de Vraincourt en limite avec Aubréville, les lieux-dits Pierre-à-Villée / Grandes Grèves / Vau-Bonna, abritaient un site romain d'une dizaine d'hectares au franchissement de l'Aire par la voie romaine Reims-Metz, avec un village-rue doté d'une activité artisanale importante (forges et ateliers de poterie) signalée par des débris de tuiles plates et creuses, de briques, de poteries (amphores, bols et tasses) et de scories. A "La Caure" entre l'Aire et le chemin de Vraincourt à Aubréville (au croisement de la voie romaine Reims-Metz et du diverticule Route des Ardennes), des ruines de substructions antiques et un puits comblé ou trou funéraire. A "Vau-Bonna", sur la rive gauche de l'Aire, une nécropole mérovingienne de plusieurs dizaines de tombes à inhumation ou incinération.

Ces vestiges découverts fin 19e siècle et début 20e ne sont plus visibles et les objets trouvés ont été remis au Musée de la Princerie à Verdun ou au Musée Barrois à Bar-le-Duc. On peut regretter que les objet exposés dans ces musées n'ont souvent pas d'indication du lieu d'origine !

Source : Argonne dans l'Antiquité - Michiel Gazenbeek et Sander Van der Leeuw, 2003 - Gallia, Tome 60, pp 269-317 - http://www.persee.fr
Diverses communications de M. G. Chenet à la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc 



lundi 25 février 2013

LA MAISON A PANS DE BOIS DE VRAINCOURT 55120 EN PERIL




En 2009, maison du 16e à pans de bois, dont il manque déjà une pierre d'angle !


La maison à pans de bois, située 15 route de Clermont RD 603 (ex RN 3) à Vraincourt, a été construite au 16e siècle, style Renaissance, et modifiée aux 18e et 19e siècles. Elle comprend un sous-sol de 4 caves (dont 2 voûtées), un rez-de-chaussé avec four à pain et un comble à surcroît. Son toit à longs pans était couvert de tuile creuse. Cette maison ou plutôt sa façade est classée à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) depuis 1990. Malheureusement cette protection est symbolique, car cette maison continue à se dégrader du fait de la négligence du propriétaire et de la "maladresse" des conducteurs d'engins agricoles ou d'autres véhicules.

La maison est restée longtemps sans couverture, a été heurtée par une automobile qui a fait sauter une pierre à la base du pilier entre les deux portes de la façade, a subit dans le chaînage d'angle des chocs répétés par des engins agricoles ou des camions. Actuellement toiture en tôle ondulée et mur arrière consolidé et rejointé au mortier de ciment
(au lieu de chaux)!




En février 2013 le chaînage d'angle arraché après un choc visible sur la 4e pierre en partant du bas !



Il y a une dizaine de jours un nouveau choc a arraché tout le chaînage, mettant en grave péril toute la construction. Les pierres portent des traces de ce choc à 50 et 100 cm de hauteur… Il s'agirait cette fois-ci d'un camion de transport dont l'arrière a heurté la maison en sortant du chemin Aubréville-Vraincourt. Le propriétaire de la maison aurait engagé des démarches pour faire jouer les assurances; espérons qu'elles aboutiront et que le chainage pourra être remonté. Les agriculteurs du hameau semblent souhaiter le déplacement (la destruction) de cette maison qui gène le passage d'engins agricoles de plus en plus larges. Pourtant ces engins pourraient passer un peu plus haut dans le village. Ce chainage a été réparé puis encore heurté faisant retomber deux blocs de pierres qui restent au sol depuis !

Quand on voit l'état des autres constructions de Vraincourt, il est probable que ce hameau ne sera plus que ruines dans quelques années sauf les quelques maisons récentes en parpaings ou les bâtiments d'exploitation en tôles. Le déclin continu de la Meuse n'est pas dû à un manque de ressources naturelles mais à la mentalité suicidaire de la majeure partie de sa population et de ses élus qui semblent de désintéresser de tout ce qui n'est pas directement productif à court terme !
Le patrimoine est pourtant le terreau de l'innovation, et donc de la prospérité ...

[révisé le 24/09/2024]

jeudi 9 juin 2011

LES CLOCHES DE VRAINCOURT 55120 - rév. 1

L'auteur de ce blog, après une escalade périlleuse, décrypte les textes gravés sur les deux cloches de l'église Saint-Rémi de Vraincourt

Le clocher de l'église Saint-Rémi de Vraincourt abrite deux cloches : 



Cloche Ouest (la plus grosse), 1862

Texte gravé sur deux côtés :

Côté Nord

« J’AI EU POUR PARRAIN MR JEAN NICOLAS GEMINEL REPRESENTÉ PAR MR VICTOR GEMINEL SON PETIT-FILS ET LOUIS ALFRED CHERY REPRESENTÉ PAR MR REMY BERTRAND SON ONCLE ET POUR MARRAINE ANNA AUGUSTINE HENRI ET ELISABETH VAUQUOIS »

Côté Sud

« 1862 – PRODUIT D’UNE SOUSCRIPTION OUVERTE Á VRAINCOURT CETTE CLOCHE A ÉTÉ BÉNIE PAR MR RENÉ VAUTRIN CURÉ DOYEN DE CLERMONT SOUS L’INVOCATION DE ST JEAN ET STE ANNE »
« Coulé par Farnier, Fondeur à Mont-par-Dun (Meuse) »

La cloche la plus ancienne est donc due au doyen Vautrin qui fit installer le carillon à cinq cloches dans l'église Saint-Didier de Clermont en 1860 et qui finit par ébranler sa tour carrée qu'il fallut démolir deux ans après.



Cloche Est (la plus petite), 1928

Texte gravé en haut autour :

« D’ÂME ET DE CORPS JE REMPLACE MA SŒUR BLESSÉE À MORT PAR UN OBUS ALLEMAND PENDANT LA GRANDE GUERRE 1914-1918 – JE M’APPELLE ANTONINE CHARLOTTE – PARRAIN VICOMTE D’ANTHOUARD – MARRAINE VICOMTESSE A. D’ANTHOUARD – ABBÉ DOMANGE CURÉ-DOYEN – N. GILLE MAIRE 1928 »
« Coulé par Georges Farnier à Robécourt (Vosges) »

Cette cloche avait été brisée lors du bombardement du 20 mars 1916 qui détruisit le clocher et ouvrit une brèche dans le mur sud au court d’un office. Elle est partie aux Etats-Unis dans le cadre d’une exposition itinérante sur la guerre 1914-1918, destinée aux peuple américain. Elle est ensuite revenue à Vraincourt pour être recoulée par la fonderie Farnier et réinstallée dans le nouveau clocher en 1928. Elle est connue pour être la cloche deux fois bénite ! Le parrain et la marraine sont mes grands-parents maternels.

Elle avait déjà été refondue en 1753 et portait alors l'inscription : "AU NOM DE LA TRÈS STE TRINITÉ EN L’ANNÉE 1753 J'AY ÉTÉ BENITTE PAR ME JEAN HUMBERT PRETTE CURE DE VRAINCOURT, J'AY ÉTÉ NOMMÉE LOUISE PAR MESSIRE JEAN IGNACE SAILLET ÉCUYER CAPITAINE AU RÉGIMENT DE TALASINE, LIEUTENANT DES MARÉCHAUX DE FRANCE ET SEIGNEUR DE JUBECOURT ET VRAINCOURT, ET PAR DAME LOUISE SON ÉPOUSE; QUE NOS SONS SOIENT TOUJOURS LA TERREUR DES DÉMONS". La même avait auparavant l'inscription en lettres gothiques : "JE FEU FAIT L'AN MILLE [illisible] ET VINT SET".

Un peu d’histoire des seintiers

Selon la tradition, Saint Paulin (353 - 431), Evêque de Nole (Italie, Campanie), introduisit l'usage des cloches dans les églises chrétiennes et leur sacralisation. A la fin du 7ème siècle, ces cloches, de petites tailles, étaient fondues sur place, à proximité des églises et monastères, par les fondeurs de cloches, artistes itinérants, appelés « clochetiaux » en Lorraine et ailleurs  « seintiers » (du latin médiéval 'sein' qui voulait dire cloche; d'où le mot tocsein : toque sein) . Les premiers clochers apparurent au 9ème siècle en Italie et se répandirent au début du 12ème, d'abord véritables tours protectrices indépendantes de l'église, souvent élément de la fortification du château médiéval. La plus vieille cloche de France encore conservée, la cloche de Fontenaille, fut coulée par un fondeur itinérant en 1202. Avec le développement du chemin de fer, les Seintiers construiront des fonderies et cesseront de se déplacer au 19ème siècle. Avant la première guerre mondiale, la France possédait plus de cent ateliers de fondeurs de cloches, notamment la fonderie Farnier installée en Meuse puis dans les Vosges (Robécourt, ancienne fonderie classée Monument Historique), qui a coulé les cloches de Vraincourt. Aujourd'hui, seules trois fonderies de cloches françaises perdurent.

Pour en savoir davantage :
Clermont-en-Argonne, les cloches de l'église Saint-Didier. Hubert Philippe (auteur éditeur), Clermont-en-Argonne, 2012 (31 p.)